mercredi 14 janvier 2009

Les successeurs

Il était considéré comme le successeur. Sa mort a permis à la relève de s'affirmer.

Comment ne pas comparer Vincent Duluc, Bernard Lions et Pierre Menes à leurs illustres prédécesseurs, Eugène Saccomano, Thierry Roland et Dominique Grimault ?
Le chemin est encore long mais les nouvelles stars du journalisme sportif s'annoncent comme les dignes héritiers des anciens ténors du décryptage footballistique.

La rhétorique et l'aisance d'analyse de ces joyaux poussent forcément à la comparaison.

Pourtant, au départ, différents éléments nous poussent à la prudence tant leurs parcours s'éloignent les uns des autres. Issus de la presse écrite, Duluc, Lions et Menes n'ont rien en commun, croit-on, avec les journalistes "radio et télé" que sont Saccomano, Roland et Grimaud. Néanmoins, très vite, leurs chemins vont les amener, comme leurs "ancêtres" à profiter de la prolifération d'émissions télévisées dont l'objectif, au delà de l'analyse footballistique, est la construction d'une opinion publique sur le football. En se prêtant au jeu du café du commerce et à une forme bien maîtrisée de populisme, il est alors facile de relever pour ces deux générations de journalistes des similitudes. En effet, tous ont repris le flambeau de ces dinosaures lorsqu'il s'agit de militer pour les limogeages d'entraîneurs ou de sélectionneurs. Ils suivent également la même ligne directrice concernant les analyses dénuées de sens et de connaissance sur les sujets traitées. Comment peut-on s'aventurer sur le terrain de l'analyse de choix tactique d'un éducateur ou les errances techniques d'un joueur lorsqu'on a jamais touché un ballon de sa vie. Imaginons un instant Zinédine Zidane se permettant de critiquer la syntaxe de Pierre Menes ou encore le style de Vincent Duluc alors qu'il ne sait pas écrire.
Toujours est-il que cette tendance du délit de faciès perdure sans que personne ne s'indigne. 

"On aime bien faire des comparaisons au journal L'Équipe ; Gourcuff, Benzema ou Nasri sont des nouveaux Zidane. J'aime bien aussi Messi, le nouveau Maradona. Mon préféré, c'est Zico, le Pelé Blanc".

Comme l'écrit Vincent Duluc, "la comparaison est une science inexacte qui invite d'abord à se souvenir". Alors souvenons-nous !
Lors du quart de final du mondial 86 opposant l'Argentine à l'Angleterre, Thierry Roland s'interroge à la suite du but marqué de la main par Maradona : "n'y avait-il pas autre chose qu'un arbitre Tunisien pour arbitrer cette rencontre?"
En 1978, lors d'un Bulgarie - France, la commentateur n'hésite pas à qualifier l'arbitre de "salaud", estimant que sa place se trouve en prison.
Dominique Grimault, a, quant à lui, qualifié, durant l'euro 2008,  les roumains de "voleurs de poules". Cet écart a alors contraint le CSA de mettre en demeure M6 pour propos discriminatoires. Pierre Menes n'a pas hésité à qualifier dans son dictionnaire du football (2007), les italiens de "ritals" et de "macaronis". En 2008, sur le plateau de 100% Foot, ce même Menes a demandé aux proches de Malouda "de changer de chaînes car leur protégé allait en prendre pleins les oreilles".


Dès lors, l'aptitude à faire ou défaire les acteurs du monde sportif, et l'utilisation de joutes verbales le plus souvent misogynes, racistes, populistes et discriminatoires, contribuent au jour le jour à faire perdurer l'héritage laissé par des journalistes comme Saccomano ou Roland. Il est essentiel de conserver cet état d'esprit dans le journalisme sportif sous peine de voir un jour les téléspectateurs s'intellectualiser et ainsi modifier leurs représentations du football.






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