lundi 5 janvier 2009

Une coupe pour toutes les bourses ?

Avec la coupe, "l'important, c'est de participer"

Tous les ans, le premier week-end de janvier est marqué par deux événements majeurs du sport français : le départ du Dakar et les 32èmes de finales de la Coupe de France de Football. Deux épreuves où professionnels et amateurs se côtoient, s'affrontent, pour le grand bonheur des défenseurs des valeurs du sport. Pourtant, derrière ces similitudes, se cache une différence essentielle : la place de l'amateur.

Le rallye utilise plus que jamais les passionnés pour alimenter le mythe d'une course populaire. Chacun sait que les moyens de rivaliser avec les grosses écuries restent nuls. Du coup, l'éclairage médiatique autour de ces férus de sport mécanique demeure infime. Plus que jamais, l'épreuve respecte une hiérarchie ordonnée par l'argent. En somme, à l'instar du collège unique (l'école pour tous), cette course reproduit inéluctablement, dès les premières spéciales, les inégalités de départ.

La coupe de France a, quant à elle, le mérite d'introduire une variable essentielle du sport : l'incertitude du résultat, quelque soient les différences de niveaux et de salaires entre les équipes. Certes, nous n'avons jamais vu une équipe amateur gagner le trophée, mais les épopées de Calais ou de Carquefou contribuent incontestablement à rendre cette épreuve extrêmement populaire. 

Gagner quand on n'est pas favori : une émotion immense ?

Cette compétition révèle chez les footballeurs amateurs l'éternel espoir de se mesurer un jour ou l'autre, aux grands, aux professionnels, ceux qu'on avait dans nos albums panini lors de notre tendre enfance. La métaphore médiatique du "Petit Poucet" montre également combien on aime voire le petit, celui qu'on n'attend pas, vaincre l'ogre, le professionnel. Certains historiens et sociologues imaginent, avec ce désir de voir les nantis du sport vaincus par les défavorisés, le retour d'un rêve utopique menant au bouleversement de l'ordre établi.
D'autres peuvent expliquer cet engouement pour cette épreuve par le fait qu'elle procure des émotions "télévisuelles" extrêmement vendeuses, très loin des rencontres aseptisées du championnat de France. Les journalistes se contenteront, quant à eux d'insister sur les scènes de liesse, montrant que quelque part en France, des gens sont heureux.

"Nous, cette année, on s'est fait battre au 2ème tour contre des brelles. La honte mais on reviendra".

Une choses est sûre. Le football amateur ne constitue plus aujourd'hui une entité. Parmi "ces joueurs du dimanche", certains ont un contrat fédéral, d'autres des primes de match ou des emplois "semi-fictifs" permettant une disponibilité très intéressante pour les séances d'entraînement. Ainsi, les exploits en coupe de France ne se limitent plus nécessairement à l'élimination de professionnels par une équipe de CFA mais ils ont aussi une saveur éthique particulière lorsqu'une équipe de copains, dont le leitmotiv demeure le plaisir de jouer ensemble, réussit à battre une équipe dont les moyens financiers sont plus conséquents. 

Quelque soit le niveau, l'argent gangrène le football amateur

Toujours est-il que cette année encore, les 32èmes de finales n'ont pas dérogé à la règle des surprises. Ainsi, Romorantin (niveau CFA) a éliminé le club de Nancy et l'énorme surprise est venue de Schirrhein, club de niveau régional, qui a sorti de la compétition le club professionnel de Clermont (L2). Il faudrait maintenant regarder si le club du Bas-Rhin a un budget conforme à une équipe de son niveau ou si elle bénéficie comme un grand nombre de clubs amateurs de subventions (ville, sponsors, etc) qui malheureusement faussent la merveilleuse éthique de l'égalité du sport.



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