jeudi 23 avril 2009

Néron II : tollé général après les propos de Michel Platini.

Et oui, "il faut du courage quand il y a du racisme dans les stades"

La conférence de l'UEFA dite Néron II, consacrée à la lutte contre le racisme dans les stades de football, a perdu tout son sens mercredi après-midi. Confirmant les craintes, le président de l'UEFA, Michel Platini, a profité de son allocution introductive pour dénoncer, à Maintenon (France), le manque de courage des fédérations européennes face à ce fléau qui gangrène régulièrement les enceintes sportives. Cette intervention très remarquée entraîna in facto le boycott des travaux par les délégations italienne, française et néerlandaise. 

L'ancien meneur de jeu des bleus réagissait pourtant aux cris racistes des supporters turinois à l'égard de l'interiste Mario Balotelli lors du choc du calcio, le week end dernier, entre l'Inter de Milan et son dauphin, la Juventus de Turin. L'Italie n'en est pas à sa première affaire. Malgré tout, les groupes de supporters facistes officient toujours dans les stades au nez et à la barbe d'instances italiennes dépassées et complaisantes. 

Le public de la Juve scande : "un italien noir, ça n'existe pas". La preuve qui oui. 
 Pour rappel, l'Italie est candidate pour l'organisation du prochain euro. 

Face à ces nouveaux incidents, Platini a donc radicalisé son discours, oubliant vraisemblablement les éventuelles répercussions économiques d'une telle annonce : "Nous allons demandé à ce que le jeu soit suspendu pendant dix minutes lorsque ces choses se produisent et que des annonces soient faites dans le stade ; si cela se poursuit, le match sera interrompu".

En s'attaquant au racisme dans les stades, l'ancien ballon d'or dénonce l'apathie de certaines nations où le racisme est bien ancré dans les moeurs. Les clubs hollandais et français possèdent de nombreux supporters (PSG, Rotterdam, ...) qui ne sont pas sans rappeler leurs homologues italiens (Lazio). Sur le plan politique, les hommes au pouvoir (Nicolas Sarkozy et Berlusconi) exécutent leurs promesses électorales en mettant en place des réformes inscrites dans les programmes de l'extrême droite. 
Pour autant, Michel Platini devait-il stigmatiser ces nations et ne pas prendre en considération les mânes financières engagées pour les droits de retransmission des matchs. Un émissaire de la fédération allemande témoigne : "si on se met à arrêter les matchs à chaque fois qu'il y a des cris racistes, comment fait-on pour les retransmissions. Cela va faire baisser les recettes publicitaires et par conséquences les recettes pour les clubs. Les cris, à la télé, ce n'est pas grave, on peut les atténuer par une hausse des applaudissements. Cette méthode a  fait ses preuves lors des JO de Berlin, en 1936, donc continuons de cette sorte".

1936, Jesse Owen gagne le 100m. La honte pour le régime nazi.

Il est donc indéniable que le tollé provoqué par Michel Platini devait obligatoirement aboutir au désengagement des grandes nations du football dans les travaux de la conférence. Bernard Kouchner, grand spécialiste du football, se déclarait outré par les annonces du président de l'uefa : "Face à de telles attitudes, aucun compromis n'est possible". En s'attaquant au racisme dans les stades, Platini risque, selon les mots de Nicolas Sarkozy, "une réaction d'une extrême fermeté de l'union européenne". En effet, en s'attaquant de front au problème du racisme, il vient remettre en cause les politiques discriminatoires et impérialistes des pays comme la France ou l'Italie.

De gauche à droite dans les tribunes : Eric Besson, Brice Hortefeux (avec la batte), Frédéric Lefebvre.

Malgré l'accroc de cette première journée, certains se montraient optimistes quant au devenir du racisme dans les stades. Eric Besson, ministre de l'intégration, soutenait hier que "ce fléau serait bientôt un lointain souvenir tant notre politique devrait aboutir à l'absence des joueurs de couleur dans les équipes françaises"




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