vendredi 19 décembre 2008

Le Guen, évidemment.

Paul Le Guen est un homme comblé. Après avoir fêté toute la nuit dernière, la qualification héroïque du Paris Saint Germain pour les 16è de finale de la Coupe UEFA, l'entraîneur parisien s'est vu décerner, aujourd'hui, par la rédaction de "sport é-pique", le titre honorifique de "Plus Grand Communicant Sportif de l'Année 2008". 

Une nouvelle fois, Paul a une façon bien particulière d'exprimer sa joie devant les médias

"Dans mon esprit, c'est une satisfaction". C'est donc par ces quelques mots que le breton a commenté la nouvelle. Comme à son habitude, il ne dépassera pas les limites qu'il s'était fixé, le jour où il est devenu un personnage public. Adepte des non-dits et des déclarations opaques, l'ancien entraîneur de Lyon et des Glasgow Rangers s'est forgé depuis une dizaine d'années une réputation d'homme glacial, déroutant pour les journalistes. Son flegme, conjugué à un caractère taciturne ont agacé bon nombre de chroniqueurs sportifs depuis son retour en France, en 2006. Mais c'est véritablement lors de cette saison 2008-2009 que Le Guen a marqué des points décisifs pour l'obtention du trophée. Il a, en effet, décidé au grand désarroi des spectateurs, des médias et de ses employeurs (Villeneuve et Bazin) de procéder à un turn-over lors des matchs de Coupe d'Europe. Cette stratégie, que certain n'hésitèrent pas à qualifier de "suicidaire" a, d'une part, permis au PSG, de réaliser un parcours très honorable sur tous les fronts sur lesquels le club s'est engagé (championnat, Coupe Uefa, Coupe de la Ligue et Coupe de France), et, d'autre part, confirmé une communication habile et inflexible. 

"Moi, je suis obligé de dire ce qu'on me dit. Je peux pas gagner alors ?"

Adepte du spectaculaire et du sensationnel, la meute journalistique a découvert grâce à Le Guen le rôle de manager-entraîneur. Réduisant le métier uniquement aux choix des joueurs et aux évolutions tactiques d'une équipe, les médias sportifs doivent maintenant prendre en considération dans leurs analyses, la gestion d'un effectif réduit, tant qualitativement que quantitativement. Le natif de Rennes a donc su dire "merde" aux médias lorsque ces derniers demandaient des "stars" sur le terrain. Il leurs a également dit "merde" lorsque ces analystes sportifs réclamaient la meilleure équipe possible "par respect pour les supporters qui font les déplacements partout en Europe". Il leurs a enfin dit "merde" par plaisir, démontrant à tous ces assoiffés de faits divers que la communication n'est pas une fin en soi.  "Ca me conforte dans l'idée qu'il faut se taire assez souvent. Mais, je m'y prends pas mal pour ça. C'est la raison pour laquelle je ne vais pas faire long" déclarait Le Guen la veille du dernier OM-PSG. 

"Vous pouvez dire n'importe quoi, je vous emmerde".

Par conséquent, il était donc normal que l'ancien international remporte la distinction de "Plus Grand Communiquant Sportif de l'année 2008". Rien ne laissait pourtant présager, en début de saison, qu'il puisse détrôner le quadruple tenant du titre, Raymond Domenech. Cependant, le sélectionneur de l'Équipe de France a déçu ces derniers mois pour s'être "assagis" auprès des médias. Il est vrai que la nouvelle manière de communiquer fortement préconisée par son président, Jean Pierre Escalettes, lui a permis de conserver son poste.


Toutefois, nous aurions aimé revoir le Raymond, piquant, mordant et insolent des années 2006-2007.
Nous ne désespérons pas de revoir au plus vite celui qui sait, mieux que quiconque tenir tête à ces hommes qui peuvent faire et défaire des carrières.

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